Vous trouverez ici un enregistrement de Vasectomie mais plus de Chromosome Y (normalement, ou bientôt, il me manque des codes d'accès).

Mais pourquoi donc?

C'est l'histoire du temps qui passe et qui nous rend moins con. Pour celles et ceux qui ne la connaissait pas, cette chanson, Chromosme Y, était une longue blague sur le fait que les mecs sont incapables de faire certaines choses parce qu'ils ont un chromosome avec une patte de moins que les meufs. Avec le bonus d'être le titre d'une chanson des Béruriers Noirs. Ce qui a valu par deux fois, des moments mémorables où un gros punk bourré est monté sur scène en chantant le refrain des Bérus tout du long sans jamais se rendre compte que c'était pas la bonne chanson. Mais voilà, en fait c'était une chanson adressée aux mecs cis (qui sont en accord avec le genre qui leur a été attribué à la naissance), mais qui pouvait toucher des meufs trans (qui peuvent avoir un chromosome y tout en étant des meufs), des personnes inter (qui ont des chromosomes qui ne déterminent pas leur genre), des personnes qui sont les deux, en tous cas tout plein de gens qui n'étaient pas visé.e.s par la blague. Ce qui rend la blague pas drôle. Déjà qu'elle était limite.

Je vais même vous en raconter un peu plus parce que ça me semble pas complètement inintéressant de visibiliser comment une personne en position sociale dominante avec une parole publique, peut bouger un petit bout pour participer un peu moins au caca du monde. Parce que bien évidemment, j'ai pas tout compris toute seule.

J'ai dû écrire cette chanson en 2014, après une rupture chaotique. Aux 30 ans du 102, je proposais une chanson pour une personne dans une toute petite pièce. Les personnes pouvaient choisir un morceau sur un menu. Une copine trans vient et me dit de choisir moi-même la chanson. Je lui propose de lui jouer celle là et de me dire ce qu'elle en pense après, parce que je suis pas bien sûre. Elle l'écoute et me dit "te connaissant, on comprend à qui ça s'adresse, ça va, c'est + drôle qu'autre chose." A l'époque il y a peu de personnes trans dans nos milieux, encore moins de meufs trans, le terme de non-binarité n'existe pas vraiment, je n'ai jamais entendu parler de personnes inter. J'intègre donc la chanson à mon set. Je la joue régulièrement, devant des publics ressemblant au reste du monde et du milieu, donc le plus souvent des personnes cis et hétéros, mais pas que. Je n'ai pas d'autres retours. Jusqu'aux rencontres Radiorageuses de 2018 à Grenoble où je recroise cette même copine. Entre deux portes, elle me dit "Tu sais l'aval que je t'ai donné pour cette chanson, je crois qu'en ce moment on prend trop cher, je le retire." On en parle pas plus longuement, parce que je sais pas quoi dire d'autre que "Ok". Je joue peu à cette période, je me souviens pas d'un concert où je la joue entre temps. Jusqu'à ce que je me retrouve à jouer à Saint-Etienne 3-4 mois plus tard, dens le public, deux copines trans, dont une grande fan. Là je me dis que je vais pas la jouer, que j'ai pas envie de les blesser. Je bois une bière et je me dis que si je veux pas la jouer devant mes copines, c'est que je veux plus la jouer devant personne. Et me voilà, 1 an et demi plus tard à mettre mon site à jour pour enfin l'enlever et vous écrire cette grosse tartine.

Toute cette longue histoire pour présenter mes excuses aux personnes qui ont été blessées par cette chanson, du temps que ça m'a pris de la retirer. Pour remercier la principale intéressée de m'avoir parlé et fait confiance. Pour visibiliser l'invisibilité. Pour dire aussi aux camarades trans, non-binaires qu'on est un peu lent.e.s mais que ça rentre, que vos luttes paient. Pour dire aux camarades cis, blanc.he.s, hétéros, bourgeois,(cocher les cases) que si le privilège définit notre place sociale, il ne définit pas ce qu'on en fait. Que ça me coûte rien d'arrêter de chanter une chanson et de reconnaître que le monde a changé, ma sensibilité et celle de mes camarades et ami.e.s aussi. En ça, c'est un monde mieux. Et pour être bien claire que je n'écris pas ce texte sous la "pression" de qui que ce soit. La pression que je vis en tant que meuf, mollement gouine, elle est toute relative au fait d'être blanche, cis, de classe moyenne.

En + je suis Flo Mekouyensky, je peux dire ce que je veux, alors raison de + pour pas dire de conneries.